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Consultation EIOPA sur l'intégration du risque climatique dans l'ORSA


Alors que certains acteurs sont en pleine réalisation de l'exercice ACPR des stress tests climatiques, l’EIOPA lance une consultation sur l’intégration du risque climatique dans les scénarios ORSA. Les avis et réponses aux 12 questions posées, autour de cette problématique, sont attendus pour le 5 janvier 2021, pour un retour final de l'EIOPA au cours du printemps 2021.


Pour l’EIOPA, il est essentiel d'encourager les assureurs à mener une gestion prospective des risques climatiques.

Cette consultation fait suite à l'avis que l'EIOPA avait rendu en septembre 2019 sur l'intégration des risques de durabilité dans Solvabilité 2. Dans cet avis, l'EIOPA préconisait que les risques climatiques dont l'horizon temporel dépassait l'année devaient être pris en compte dans le pilier 2. Il avait alors été question de travaux complémentaires pour définir un ensemble de paramètres quantitatifs cohérents qui pourrait servir de base aux entreprises pour la constitution de leur scénario ORSA.


Un an plus tard, l'EIOPA réalise ainsi une nouvelle consultation. Un calendrier qui se resserre pour un risque qui n'est plus considéré comme uniquement de long-terme.


Aujourd'hui ?


A ce jour, même si un grand nombre d'entités reconnait que le changement climatique représente un risque (notamment identifié dans les « risques émergents »), seule une petite proportion intègre ces risques dans leur scénario ORSA : moins de 13% des rapports ORSA analysés font référence au risque climatique (moyenne haute, dans la mesure où pour certains, il en est fait seulement mention). C'est la conclusion d'une étude récente menée par les régulateurs nationaux sur 1682 entités, représentant 80% des périmètres non-vie et vie européens. (source : présente consultation EIOPA)


Intégration du risque à court-terme et long-terme


L'EIOPA précise bien que l'évaluation du risque climatique doit être fait à long-terme mais aussi à court-terme.

En effet, il existe des preuves tangibles sur le fait que le changement climatique affecte notamment déjà la fréquence, la sévérité et la distribution des événements de catastrophe climatique. Pour autant, le risque physique n'est pas le seul enjeu. Le risque de transition est également présent et peut être soudain. A titre d'exemple, la mise en place d'une taxe carbone ou tout autre action qui conduirait à réduire la dépendance aux énergies fossiles, ou encore l'impact sur les marchés financiers d'une transition vers une économie bas-carbone qui induirait une chute des valeurs très carbonées.

Sur le long-terme, la prise en compte du risque est déterminante pour élaborer un plan stratégique, adapter le profil de risques et les modèles pour que les décisions d'aujourd'hui intègrent ces problématiques futures. Pour cet exercice, l'approche sur un horizon d'environ 10 ans parait ici plus adapté qu'à celui de l'ORSA, et son usuel horizon de 1 à 5 ans.


Travail attendu


Dans la présente consultation, l'EIOPA attend que les régulateurs nationaux accompagnent les assureurs et réassureurs par la supervision de l'intégration du risque climatique dans les scénarios ORSA. Sur la base des directives de la Commission Européenne sur les rapports non financiers, les entités devraient évaluer l'impact du changement climatique a minima sur la base des deux scénarios suivants :

  • un scénario dans lequel l'augmentation de la température mondiale reste inférieur à 2°C, et même inférieur à 1,5°C, pour rester conforme aux engagements de l'UE

  • un scénario où l'augmentation de température moyenne mondiale dépasse les 2°C

L'objectif étant d'évaluer la robustesse et la résilience du plan stratégique, l'EIOPA conseille de développer des scénarios propres qui reflètent au mieux l'activité. De nombreux exemples sont présentés en annexe 5 et 6 de la consultation, issus notamment des scénarios du NGFS (Network for Greening the Financial System), sur lesquels l'ACPR s'est basée pour les stress tests actuels.


Plus précisément, il est demandé aux acteurs du marché d'évaluer la gravité de leurs expositions aux risques climatiques, par la combinaison d'approches quantitative et qualitative :

  • Exemple d'approche qualitative : rapprocher les risques climatiques identifiés et les indicateurs les plus pertinents reflétant les risques prudentiels usuels (marché, contrepartie, souscription, opérationnel, réputation, stratégique)

  • Exemple d'approche quantitative : évaluer l'impact sur la valeur des actifs de l'exposition aux risques de transition (par exemple bas-carbone) et aux risques physiques (exemple de la localisation géographique)

La formalisation des principales hypothèses et méthodes utilisées pour évaluer les risques est requise. Pour faciliter le rapprochement entre risques climatiques et risques prudentiels, le document de consultation présente notamment un tableau d'exemples très détaillés en annexe 3 de la consultation.


Comme un ORSA, l'intégration du risque climatique devra être itérative et évolutive.

L’EIOPA reconnaît que l'analyse à mener est un exercice complexe, qui devra évoluer au fur et à mesure de la disponibilité de nouvelles méthodes et du gain d'expérience des entreprises d'assurance.



Conclusion


En conclusion, un exercice ORSA qui intégrerait les risques liés aux changements climatiques, à court et long-terme, présenterait les éléments suivants : une cartographie des risques et des hypothèses sous-jacentes utilisées, une présentation des résultats quantitatifs et qualitatifs associés à chaque scénario climatique identifié, ainsi que des conclusions tirées de l'exercice, et du plan d'actions à venir pour s'y conformer.


En s'appuyant sur les réponses obtenues lors de la consultation de 2019, l'EIOPA rappelle que l'opinion générale s'entend sur le fait que les coûts liés à la mise en place de cette approche prospective sont largement compensés par les bénéfices. Ces derniers sont identifié à différents niveaux : entreprise, secteur mais aussi mondial. Par la mise en place de cette gestion des risques, le monde l'assurance pourrait abandonner certaines activités coûteuses pour le climat, et contribuerait ainsi à son échelle au succès des engagements de l'Europe sur une neutralité climatique en 2050.


Chez Périclès Actuarial, la problématique climatique nous tient particulièrement à coeur, et c'est la raison pour laquelle nous sommes impliqués dans l'accompagnement dans ce secteur.

Hasard ou coïncidence, nous avons réalisé quelques jours avant l’annonce de l’EIOPA un épisode de notre podcast autour de la finance verte et de son impact sur le monde assuranciel. Un bon moyen pour commencer à appréhender les tenants et les aboutissants d'une problématique complexe et déterminante.


Retrouvez l'épisode sur la Finance Verte de notre podcast "Au-delà des modèles" ici.

Vous pouvez également l'écouter sur Spotify.


Lien vers la Consultation EIOPA


Rédactrice : Anne-Sophie Musset

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